La pornographie alimentaire : la nourriture est-elle protégée par le droit d’auteur ?

4 février 2019Droits d'auteur

Le monde des célébrités le fait, les amis Facebook le font aussi – outre le contenu sur les chats, c’est probablement la chose la plus virale que Facebook et Cie ont à offrir en ce moment. Mais à quoi cela ressemble-t-il légalement ?

1. Qu'est-ce que le food porn ?

Le food porn consiste à photographier et à partager des bombes caloriques sur Facebook, Instagram, Twitter, etc. Les utilisateurs photographient généralement des choses particulièrement savoureuses avec l'appareil photo de leur téléphone portable et les téléchargent, les hashtaggent, les aiment et les partagent avec diligence.

2. Peut-on interdire la photographie et le partage ?

C'est de plus en plus courant de nos jours : certains restaurants affichent des panneaux interdisant de publier leurs plats sur Instagram ou Facebook. Le chef est-il même autorisé à émettre une interdiction ?

La réponse n’est pas claire : cela dépend. Si les frites rouges et blanches du snack-bar du coin peuvent être photographiées et partagées, les choses peuvent être bien différentes lorsqu'il s'agit d'une cuisine de haute qualité et primée. Notamment lorsque le cuisinier est également un artiste et que le repas est donc une œuvre protégée par le droit d’auteur.

Le chef peut alors décider si et comment la reproduction peut avoir lieu. Cela peut paraître étrange. Toutefois, la protection du droit d’auteur est l’exception. Tout ce qui finit dans l’assiette n’est pas de l’art !

Le niveau de conception est crucial pour l’évaluation. Le niveau de créativité distingue les œuvres protégées par le droit d’auteur de celles qui ne bénéficient pas de protection. Dans le cas des arts appliqués, y compris les arts commerciaux, il est important de savoir si l’effet esthétique du design n’est pas seulement dû à son utilisation prévue, mais repose également sur une réalisation artistique (voir : Cour fédérale de justice, arrêt du 13 novembre 2013 – I ZR 143/12 – Geburtstagszug). Les exigences en matière de niveau de conception dans le domaine des arts appliqués sont nettement plus élevées que dans le cas de l'art sans finalité, c'est-à-dire de l'art qui ne sert à aucun but pratique.

De plus, il n’existe aucun cas connu dans lequel un chef aurait poursuivi un client pour violation de son droit d’auteur.

Néanmoins, si le chef a également des règles maison, il peut établir ses propres règles.

3. Conclusion

En principe, la loi sur le droit d’auteur ne prévoit aucune exception pour les photos non commerciales. Si vous voulez être sûr, vous devriez probablement demander à l'aubergiste ou au chef. L'interdire complètement ne sera probablement pas une bonne option pour le chef s'il ne veut pas effrayer complètement ses invités.

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À propos de l'auteur

Anne-Kathrin Renz

Anne-Kathrin Renz

Anne-Kathrin Renz est avocate, déléguée à la protection des données et conférencière. Elle a complété la partie théorique de sa formation d'avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle et en droit des technologies de l'information. Dans son blog, elle rend compte de sujets d’actualité du monde numérique du droit.

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